En direction du mont Orbis
Mes premiers pas dans l'aventure...
Dès mon plus jeune âge, je me souviens que ce Mont m'appelait...
Tu la connais cette sensation d'appel ?
Une sensation indescriptible qui te tire de ton sommeil en pleine nuit.
La puissance du continent réunis en un seul pic...
Il trônait au dessus des nuages.
Les adultes me répétaient que le gravir n'était qu'un rêve impossible.
Et tu sais ce que j'ai fait ?
Je leur ai prouvé le contraire !
Là-haut, en face à face avec les cieux, mon destin prit un nouveau tournant !
-Thomas Laurent
Chapitre 1 : La Légende de la Femme Voilée.
Avant de t’évoquer mes nombreux voyages, j’ai envie de commencer par l’endroit qui fut le point de départ de mes aventures : la tribu Bodha.
Depuis tout petit, je voyais le Mont Orbis au loin. Un mont qui touche les cieux et caresse les nuages. Tous les hommes de la tribu m’avaient déconseillé de partir à l’aventure, et ils avaient raison !
Mais bon... Je n'en ai fait qu'à ma tête... il me faut bien plus que des rumeurs pour me détourner de mon objectif !
L’ascension du Mont Orbis n’est pas à prendre à la légère. Au printemps, je voyais les mineurs de la tribu partir en direction de ce monument. Mais aucun n’avait pour but de le gravir. Je me suis fait la promesse d’être le premier à toucher les nuages.
Un incontournable des légendes, cette chaine montagneuse qui bloquait l’accès du sud d’Eukarya était la cible de multiples légendes. Certaines plausibles, d’autres, complètement loufoques, ces histoires permettaient aux adultes de calmer les envies d’explorations des jeunes enfants.
Bien sûr tu t’en doutes, il m’en fallait plus pour me faire changer de direction.
Un beau jour, une femme voilée de la tête au pied traversa le village. J’étais habitué aux diseurs de bonne fortune et aux marchands de la ville de Commeline. Mais, l’énergie que cette bonne femme mettait dans sa narration me captiva. Le grain dans sa voix posait les fondations d’une histoire plausible.
Je m’en souviens comme si c’était hier :
« Loin au sud, au-delà de toutes créations humaines, un mur de roche s’élève pour côtoyer les cieux. Véritable forteresse naturelle, elle bloque l’accès à un monde inconnu. Ce Mont abrupt n’est pas là par hasard, il est aussi la demeure d’un Être Surnaturel : L’esprit de la Terre.
Il y a fort longtemps, des expéditions furent organisées pour le gravir. Avec l’altitude, le Vent devint leur compagnon de route, ami ou ennemi, les hommes n’en savaient rien. Une seule chose était sûre, sa présence affectait la surface du mont.
D’abord le froid, une température inconnue à ceux qui vivent sur le littoral, si intense qu’elle perçait les vestes les plus épaisses. Elle se faufilait dans la moindre faille. À chaque pas, les explorateurs sentaient que leur temps était compté. Ils devaient dompter les forces de la nature, le vent avait choisi son camp. La neige l’épaula pour contrer ses pauvres hommes.
Les volontaires de cette expédition nageaient dans une mare brumeuse. Les flocons ne les effrayaient guère. Ces minuscules particules se rassemblèrent sans troubler la mélodie du vent.
Cependant, le groupe se dispersa, les plus mal en point n’arrivaient plus à suivre la cadence. La neige devenait de plus en plus profonde…
Cinq explorateurs en tête de convoi, pelle en main, eurent encore le courage pour continuer l’ascension. Les engelures cisaillaient la moindre de leur articulation.
Soudain, ils s’enfoncèrent dans une épaisse couche de nuages. Dans cet océan d’une blancheur immaculée, les ombres des roches se transformèrent en possible menace. Aux aguets, l’un des explorateurs signala la perte de deux hommes. En voyant leur corps congelé sur la neige, il eut une idée brillante.
Il s’aperçut que leur corps allongé sur la surface de la neige ne s’enfonçait pas. À plat ventre, les trois aventuriers restants avançaient à grands coups de piolet dans cette neige devenu glace.
Contre toute attente, une lumière tamisée par ce brouillard signala la fin de leur supplice. Usant de leur dernière force, ils s’échappèrent des nuages. Le soleil les frappa de sa clarté. L’horizon scinda leur vision en deux, le ciel bleu d’une part et une surface de nuages de l’autre.
Ce fut à cet instant qu’ils l’aperçurent, une entité immatérielle flottant sur les pics du Mont Orbis. Contemplant la mer de nuages qui s’écoulait sous ses yeux, elle invita les survivants à se joindre à elle. Sa forme n’était pas stable, le premier voyageur vit en lui un singe colossal, le deuxième aperçut les traits d’un vieux sage tandis que le dernier contempla la silhouette divine d’une femme. Cette entité les récompensa pour leurs bravoures et leur promit qu’au-delà de ce mont se trouva tout ce qu’ils désiraient,
Aucun villageois ne revit ces hommes… »
Ce fut la première légende qui capta mon attention. Comment était-il possible qu’une entité pareille puisse vivre sur ce pic ? Beaucoup d’autres questions me traversèrent l’esprit… j’étais malin à l’époque.
J’ai posé une question à cette femme : Comment se fait-il que vous sachiez toutes ces choses si personne ne les a jamais revues ?
Elle me répondit simplement qu’elle les avait rencontrés au-delà du Mont.
Elle lança cette réponse avec une sincérité si profonde que je ne pouvais que la croire.
Il existait des personnes en ce monde capable de voyager entre les contrées pour découvrir les mystères de cette Vie.
C’est à cet instant que j'ai pris la décision de suivre les traces de ces explorateurs d’Eukarya…